De pale et d'obscur

La forêt n'était plus que blanc et noir, verticales d'obsidienne et horizontales d'opale. De la neige, partout...

Il avait toujours aimé se promener au-dessus des faux nuages, sa respiration se cristallisant avant de se plaquer sur son nez rougi. Il avait beau porter une cape, des bottes et des vêtements épais d'un rouge carmin, le jeune homme aux cheveux bruns était transi par le froid. Pourtant il souriait : sa morsure, cruelle, lui permettait de se sentir plus vivant que jamais !
Un coup de feu retentit.
Son écho se perdit entre les arbres, figés comme l'était le slave. Un coup de feu. C'était la première fois qu'il en entendait un, pour de vrai, mais aucun doute n'était permis. Un coup de feu... Et plutôt que de s'éloigner de la source de la détonation, l'homme sortit de son immobilité pour s'en rapprocher.
Le silence était revenu tout autour de lui, mais en son sein, son cœur et sa respiration l'assourdissaient. Le sang battait à sa tempe, chacun de ses sens était en alerte, la neige crissait sous ses pas imprudents. Pourquoi allait-il par là ? Pourquoi ne rentrait-il pas se mettre à l'abri au manoir ?! La seule décision censée qu'il parvint à prendre fut de tirer sa baguette de sa ceinture et de crisper ses doigts sur son manche. Quelque part, droit devant lui, une personne était armée...

Elle décrispa ses doigts et s'offrit le luxe de s'adosser à un arbre, le souffle court. Se trouvait-elle assez loin ? Non, pas encore, et ce coup de feu pouvait rameuter n'importe qui... il fallait qu'elle reparte.

C'est de part et d'autre d'une clairière qu'ils se découvrirent. La jeune femme repéra un humain armé d'un bout de bois, l'air surpris et perturbé. Ce dernier vit une hybride armée d'un pistolet, l'air surprise et déterminée. C'était une Félis, à la longue chevelure violine et à la fourrure blanche souillée de rouge : la tireuse, c'était elle. Chacun d'eux avisa l'autre comme un ennemi hautement potentiel.
Dès qu'elle leva son arme dans sa direction, il la fit sauter de sa main d'un sort bien placé, et le jeune homme lut dans son regard que c'était son premier contact avec la magie. Comment en aurait-il pu être autrement ? Les hybrides ne pouvaient posséder le Don, et les sorciers prenaient soin de le dissimuler... Hélas, la féline n'en resta pas là et elle traversa l'étendue blanche avant qu'il ne reprenne ses esprits. Le slave réagit au dernier moment et créa sous ses pieds une plaque de givre qui la fit chuter devant lui. Avant qu'elle ne se relève, il fit un bond pour s'écarter de la furie mais celle-ci attrapa l'une de ses jambes et tira dessus d'un coup sec, lui faisant mordre la neige.
Le combat amorcé ne fut nullement glorieux. L'assaillante désarma son adversaire et fit voler son bâton loin d'eux tandis qu'il essayait de se dégager de sa prise. Ni l'un ni l'autre ne parvint à se redresser et c'est à terre qu'ils durent se battre. Il y eut du sang, beaucoup de sang, au grand étonnement du jeune homme qui n'avait reçu que des coups de poing, de pied, et des griffures peu profondes. Lui-même tentait de ne pas blesser la féline, articulant avec peine des mots que lui-même ne comprenait à moitié pour lui dire qu'il ne voulait pas lui faire de mal. Rien ne la calma, si ce n'était ses propres forces qui la quittaient. La jeune femme décocha un violent coup de genou au slave et profita de l'avoir sonné pour rouler jusqu'à son arme, qu'elle braqua directement sur sa tête.
Il était perdu.
Ce n'est qu'en observant la mort en face qu'il comprit que tout ce sang appartenait à cette dernière. La femme-chat se releva, son poing tremblant serré sur son arme, et sembla hésiter. Qui était cet homme ? Comment l'avait-il désarmée ? Il n'avait même pas essayé de la neutraliser... Il ne devait pas être avec "eux".
La Félis baissa son bras, recula jusqu'à s'enfoncer à nouveau dans le bois, et s'éloigna de la clairière. Sa vie filait entre ses doigts, laissant dans la neige l'empreinte carmine de son échec tandis que sa vue se brouillait. Ses jambes ne parvinrent à faire qu'une quinzaine de mètres avant que de s'enfoncer à nouveau dans le sol glacé. L'insondable ne tarderait pas à mordre son âme, pensa-t-elle, ses lèvres crispées dans un rictus douloureux. Elle était transie parle froid et ses vêtements étaient trop légers pour la protéger. Ici donc s'achevaient ses aventures, dans le cristal d'un souffle perdu s'envolant jusqu'au ciel...

L'obsidien se baissa pour soulever l'opaline étendue.




Plus jamais je ne dessinerai de forêts. PLUS JAMAIS ! Déjà que j'en avais fait un nombre que je croyais incalculable dans cette collab avec Zlo...
Mais vous savez bien que j'aime me plaindre de mon masochisme, c'est presque une tradition !
Passons plutôt à l'explication de ce passage.
Il s'agit de la toute première rencontre entre Viktor et Bianca, telle que je l'ai imaginée pendant des années (depuis 2008 à peu près), sauf qu'elle ne fait pas partie de la trame officielle de l'Œtherium. Elle n'est pas officielle car dans cette scène ne se trouve pas Féliko qui sera nécessaire pour la suite, et puis commencer les présentations par un combat, ce n'est pas très poli

I HATE to draw trees... and I love it !
This scene is an old version (since 2008) of the encounter between Viktor and Bianca. I imagined that they fought each other before understanding their ennemy is not dangerous... ^^


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